La Grippe

La maladie

Comme toutes les maladies infectieuses, la grippe se caractérise par une succession de phénomènes qui correspondent aux différentes étapes du conflit entre un hôte (le malade) et un agent infectieux (le virus de la grippe).

L'entrée du virus

La transmission du virus de la grippe s'effectue, d'une personne malade à une autre, par l'inhalation de fines gouttelettes projetées dans l'air ambiant lorsque le sujet infecté parle, tousse ou éternue. La transmission peut également se faire (plus rarement) par les mains souillées de virus. Les lieux confinés, les fortes concentrations de population (transports en commun, collectivités scolaires...) sont propices à la transmission de ces virus.

Le virus grippal pénètre par le nez et la bouche, se fixe sur les muqueuses des voies aériennes supérieures grâce à son hémagglutinine. La neuraminidase diminue la viscosité du mucus respiratoire et permet de détacher les virus des cellules, contribuant ainsi à la diffusion de l'infection.

L'incubation

L'incubation correspond à la période pendant laquelle le virus se multiplie dans les voies aériennes supérieures sans entraîner de symptômes ; pour la grippe, cette période dure de 24 à 48 heures. Une fois le virus fixé sur la membrane des cellules infectées, il s'introduit dans les cellules et se multiplie. La barrière de protection constituée des muqueuses respiratoires du nez, de la trachée, des bronches recouvertes d'un épithélium cilié est détruite. La destruction des cellules libère des substances qui sont responsables de la plupart des signes cliniques (signes généraux, activation des cellules de l'inflammation et de la réponse immunitaire...)

L'invasion

Lorsque les virus sont en nombre suffisant, ils diffusent dans l'organisme, surtout dans tout l'appareil respiratoire.

C'est la période d'invasion, marquée par l'apparition des premiers symptômes généraux (fièvre, frissons, malaise, douleurs musculaires) et locaux (toux, douleurs pharyngées).

La réponse immunitaire

Dès son contact avec l'organisme, le virus déclenche des réactions immunitaires qui permettent la défense de l'organisme infecté contre le virus agresseur.

L'évolution vers la phase de réparation

Les lésions créées à la phase inflammatoire se réparent en environ 3 semaines, le plus souvent complètement, parfois en laissant des lésions cicatricielles du système respiratoire.

La grippe clinique

Deux jours après le contact infectant, les premiers symptômes apparaissent de manière brutale : Signes généraux : maux de tête violents, fièvre souvent élevée, frissons, douleurs musculaires diffuses, sensation de malaise général et perte de l'appétit. La fièvre peut atteindre ou dépasser 40°C ; elle commence à céder après 2 ou 3 jours mais peut remonter au 4ème-5ème jour (c'est le "V grippal"). Au total, elle dure rarement plus de 7 jours.

Signes respiratoires, présents dès le début de la grippe : éternuements, toux sèche, douleurs pharyngées intenses, congestion nasale. La toux est le symptôme le plus constant et dure 2 à 3 semaines.

Les signes digestifs sont peu fréquents : nausées, vomissements, diarrhée, et observés surtout chez les personnes âgées.

Evolution - Complications

Une grippe simple guérit en une semaine mais peut laisser persister une grande fatigue et une toux pendant plusieurs semaines.

La grippe peut aussi se compliquer en raison de la virulence particulière du virus ou de la fragilité du terrain (âge, infections chroniques respiratoires, cardiaques, métaboliques, déficit immunitaire...). Les complications respiratoires dues à des surinfections par des bactéries sont les plus fréquentes et peuvent nécessiter une hospitalisation (bronchites, exacerbations aiguës de broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO) ou de mucoviscidose, décompensation d'asthme...).

La pneumonie virale grippale primaire est rare, due au virus de type A et observée plutôt chez l'adulte jeune. Elle peut se manifester par une forme brutale grave de détresse respiratoire aiguë. Enfin, des pneumonies bactériennes secondaires peuvent survenir 5 à 7 jours après la phase d'amélioration, se traduisant par la reprise de la fièvre, de la toux, l'apparition de crachats purulents et des signes radiologiques. Elles peuvent concerner 2 % ou plus des patients "à risque" et représentent la cause majeure de l'hospitalisation et de décès par grippe.

Les autres complications : les otites et sinusites sont assez fréquentes (environ 5 %) alors que les complications musculaires, neurologiques ou cardiaques sont rares.

L'infection par le virus grippal entraîne-t-elle toujours une grippe clinique ?

Chez les personnes non vaccinées, on admet qu'environ un sujet sur deux, en contact avec le virus grippal, ne déclenchera pas de grippe clinique. Ceci s'explique par :

Chez les sujets vaccinés, la vaccination entraîne la production d'un taux d'anticorps habituellement suffisant pour neutraliser le virus c'est-à-dire empêcher son entrée et sa multiplication dans les cellules.

Grippe ou syndrome grippal ?

En période de circulation du virus grippal, l'association d'une fièvre à début rapide et d'une toux sont souvent les signes d'une authentique grippe.

Toutefois, de nombreux autres virus respiratoires circulent à la même période que le virus grippal et peuvent occasionner des tableaux cliniques assez similaires à celui de la grippe. On parle alors de "syndrome grippal" en l'absence d'une confirmation virologique du diagnostic de grippe.

La "vraie" grippe est en général plus sévère, les syndromes grippaux sont cliniquement moins intenses et plus fugaces. D'autres diagnostics peuvent aussi être évoqués : méningite à méningocoque, pyélonéphrite aiguë, angiocholite, paludisme.